JEAN MERCIER

JEAN MERCIER

JEAN MERCIER ET FRANÇOISE RADEGONDE DE MAYEUSE
Les Mercier vivant aux États-Unis représentent 40% des Mercier d’Amérique du
Nord. La majorité d’entre eux sont des descendants de Canadiens-Français ayant
émigré en Nouvelle-Angleterre dans ladeuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe. À l’époque de la colonisation,  quelques Mercier ont émigré directement de la France vers les États-Unis. Parmi eux, nous retrouvons Jean Mercier né le 25 mai 1734 à Saint-André-de-Cubzac, un village situé à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville de Bordeaux dans le sud-ouest de la France.

Jean est le fils de Jean-Baptiste et de Marie Apperd. À l’âge de 31 ans, en 1765, il s’établit
à la Nouvelle-Orléans en Louisiane où il devient un marchand prospère. À son arrivée, la
Louisiane est une colonie espagnole depuis trois ans. On estime alors la population à
environ 20 000 personnes. Jean épouse, en 1773, Françoise Radegonde de Mayeuse. De
cette union naîtront trois enfants: Juana Louisa Justina, Maria Gratiana et Jean-Baptiste.
On croit que Jean avait déjà contracté mariage en France avec Thérèse Lagarde. Dix-huit
ans plus tard, il épouse Marie Gracieuse de Fontenelle, fille d’une grande famille
créole. Ses parents sont propriétaires de plantations sur la rive gauche du Mississippi.

Sur une plaque de l’édifice The Commagere-Mercier House, au 630 rue Saint-Pierre dans le Vieux carré français de la Nouvelle Orléans, on peut lire les noms du couple qui en furent propriétaires au début des années 1800. Ils auront deux filles, Justine et Marie Amélie, qui feront, en 1824, une demande d’affranchissement pour une esclave mulâtre nommée Roseline dans le domaine de leur mère. Ils confirment que Roseline a plus de trente ans et qu’elle est une esclave de «bonne moralité». Sur un document de la Digital Library on American Slavery, elles sont identifiées comme les héritières de Marie Gracieuse de Fontenelle Mercier. On peut en déduire que, comme d’autres propriétaires d’une plantation, Jean et son épouse avaient des esclaves à leur service. Jean meurt à l’âge de 84 ans et est inhumé le 18 avril 1818 à la Nouvelle-Orléans.

Le couple Jean Mercier et Marie Gracieuse de Fontenelle résidait à la Nouvelle-Orléans,
près de la cathédrale Saint-Louis, en plein coeur du Carré français.

Jean-Baptiste, le fils unique de Jean, assure la pérennité de cette lignée de Mercier. Il épouse Héloïse une fille de Pierre Leduc et de Joséphine Lecourt venus du Canada après le Traité de Paris en 1763. Ils auront six enfants : Jean-Jacques, Marie-Clarisse (Adèle), Charles-Édouard, Henriette-Amandine, Placide-
Jules-Armand et Charles-Alfred. La famille est à l’aise. Elle passe des vacances en France.

Alfred et Armand étudient à Paris et deviendront médecins. Les filles rencontrent de bons partis : Henriette-Amandine épouse Pierre Soulé, un avocat et futur sénateur à Washington et Marie-Clarisse (Adèle) devient l’épouse du notaire Louis T. Caire.

Alfred (1816-1894) se fera surtout connaître comme poète, romancier et auteur dramatique.
Il est reconnu comme personnage émérite par l’Association des Mercier d’Amérique du
Nord. Dans ses écrits, il donne une version différente de ses origines. Il se dit petit-fils d’un
dénommé Jean, né en 1772 près de Bordeaux en France et débarqué en Nouvelle-Orléans
en 1793. Fuyant la Révolution française, il avait auparavant contracté mariage en France avec
Françoise Radegonde de Mayeuse. L’année de son arrivée, il obtient, à la Nouvelle-Orléans,
une vaste concession de terre de plusieurs milliers d’arpents. Il ne fait aucune mention de la
famille Fontenelle. L’histoire semble relever du roman plus que de la réalité. Une dispute
testamentaire est peut-être à l’origine de la réécriture de l’histoire de ses ancêtres.

Au décès de son père, la succession est complexe; les descendants de Jean-Baptiste, dont
la mère est Françoise Radegonde de Mayeuse, intentent une série de poursuites contre des
descendants de Marie Gracieuse de Fontenelle et diverses banques de la Nouvelle-
Orléans. La cour suprême de la Louisiane donne raison aux cousins d’Alfred et aux banques
qui font perdre, à lui et à ses frères et soeurs, une importante propriété. La plantation
rapportait 150 000$ annuellement en 1830. La réconciliation familiale ne se réalisera jamais.

Pendant la guerre de Sécession, Alfred va tenter en vain de persuader les Français de
soutenir les Confédérés. Après la guerre, il rentre dans une Louisiane dévastée. La
famille de Jean-Baptiste a beaucoup perdu pendant le conflit. Il pratique la médecine
tout en consacrant des efforts pour préserver la langue française qu’il voit dépérir. La
France le fera «officier de la Légion d’honneur» pour le remercier de son soutien à la
langue française.
Les descendants de Jean Mercier se sont illustrés dans les domaines de la médecine,
des lettres et des affaires. Ils représentent sans doute un très faible pourcentage des
Mercier américains. Ils résident surtout dans le sud et l’ouest des États-Unis.

Références:
1- Anonyme, Alfred Mercier, médecin et écrivain 1816-1894. Le Mercien, La voix des
Mercier d’Amérique, vol 26, numéro 1. Printemps 2010.
2- Digital Library on American Slavery: uncg.edu/slavery, Par Number 20882457.
3- Hamel, Réginald, L’Habitation Saint-Ybars, Alfred Mercier, Guérin Littérature, Montréal,
421 pages. 1989.
4- Mercier, Ernest, Mercier depuis des siècles, Sherbrooke 1987.
5- Mercier, Ernest, Cinquième ancêtre, Jean de la Louisiane, Le Mercien, La voix des
Mercier d’Amérique, vol 3, numéro 1. Février 1987.
6- Mercier, Ernest, Jean-Baptiste Mercier (1772-1841), Le Mercien, La voix des Mercier
d’Amérique, vol 7, numéro 2. Avril 1991.
7- Mercier, Ernest, Couples ancestraux Mercier implantés en Amérique du Nord, Le
Mercien, La voix des Mercier d’Amérique, vol 7, numéro 3. Juillet 1991.
8- Mercier, Pierre-Paul, Jean Mercier et la Louisiane, Le Mercien, La voix des Mercier